Infirmier - temps partiel (H/F)
PEOPLE AND BABY
Lieu: 78 - Villepreux
CDI
Débutant accepté
Petite enfance
Une sonnette dédiée, un paravent astucieusement posé dans l’entrée et une salle réservée aux consultations. C’est à son domicile qu’Aurélie a décidé d’installer, il y a quatre ans, son cabinet d’infirmière puéricultrice. « J’ai fait partie des premières puéricultrices libérales », dit-elle en poussant la porte de son cabinet.
En plus des travaux nécessaires à l’aménagement de son espace de consultation, il a fallu trouver son statut, car « si la puériculture, est la plus grosse spécialité du métier d'infirmière, explique-t-elle, nous ne sommes pas plus d’1 % en libéral. » Pourtant, le besoin des parents est bien là. Allaitement, sommeil, nutrition pédiatrique, c’est vers elles qu’on se tourne lorsque le pédiatre n’est pas disponible.
8h30. Après un peu d’administratif, Aurélie commence la première consultation. « J’accueille toujours au portail. Ça permet de discuter tranquille en remontant l'allée, d'aider à porter le cosy, je trouve que c'est plus chaleureux. Ici, c’est l’inverse des rendez-vous à la chaîne chez le pédiatre. » L’échange débute sur la grossesse, puis l’accouchement et, rapidement, les premières difficultés rencontrées : une crevasse et des douleurs d’allaitement. La maman fond en larmes. « À chaque consultation, je sors la boîte de mouchoirs et je leur dis : “ne vous inquiétez pas, tout le monde pleure’’. Je les rassure et surtout, je les laisse me raconter ce qu'elles ont envie de me raconter. »
Aurélie ausculte attentivement la bouche du bébé pour s’assurer qu’il n’y a pas de problème de succion. « J’observe surtout la posture d’allaitement et j'essaye de trouver des solutions en mettant en avant les compétences de la maman, confie-t-elle. Si le bébé est mal installé, la maman est penchée en avant, je réajuste en faisant des propositions : “et si vous l'installiez un peu plus haut, qu'en pensez-vous ? C’est plus confortable ?’’ Moi, je touche très peu les bébés parce que, l'objectif, c'est la relation maman-bébé. Je rassure et valorise ce que fait la maman. » Le moment est judicieux pour impliquer le papa. Délicatement, Aurélie lui rappelle son rôle : « votre job, c’est de créer un cocon autour de la maman. » Tout au long de la rencontre, les parents interrogent : “et ça, c’est normal ?’’. « Dans une consultation allaitement, on va parler de plein d'autres choses. Je laisse la porte ouverte à toutes les autres questions. » Avant de partir, les parents se voient remettre un « plan d’actions » pour améliorer la situation.
« L'objectif, c'est la relation maman-bébé. Je rassure et valorise ce que fait la maman. »
Sommeil : souvent les solutions leur sautent aux yeux
10h00. Aurélie fait place nette et dégaine un tapis de jeux. Léon, 12 mois, ne dort pas. Visiblement, ses parents non plus. « Je mène une véritable enquête, raconte-t-elle. Je reprends les antécédents : la grossesse, l’accouchement, est-ce qu’il y a eu des séparations depuis la naissance ? » Puis, elle leur demande de raconter leur journée type : réveil, heures de repas, de siestes… « Je veux tout savoir, je pose des milliards de questions : s’il y a une veilleuse, des rideaux… Tout ce qui me donne des informations sur les rituels, le rythme, les conditions et l'environnement de sommeil de l’enfant. »
« Mon rôle, c’est de remettre du cadre, une routine et du rituel. »
Après les avoir écoutés, Aurélie sort ses fiches pratiques illustrant le petit train du sommeil : une métaphore ludique pour bien comprendre le fonctionnement et les besoins de l’enfant. « Ce n’est jamais moi qui pointe du doigt ce qui ne va pas, précise-t-elle. À chaque fois, les solutions sautent aux yeux des parents. » Pour Léon, le plan d’actions consiste à réintroduire des siestes et corriger certaines habitudes. « Souvent, c'est le chantier quand ils arrivent : il n'y a plus rien, plus d’horaire, pas de routine, ils sont complètement dépassés. Mon rôle, c’est de remettre du cadre, une routine et du rituel. »
Les consultations reprennent l’après-midi. Au milieu, une visio de 30 minutes avec la maman d’Alma, 18 mois qui ne veut manger que « des pâtes ». « J'explique ce que c'est que la néophobie alimentaire et que c'est une phase normale du développement de l'enfant », raconte Aurélie qui propose quantité d’astuces pour faciliter le retour à une alimentation variée. De l’autre côté de l’écran, la maman d’Alma semble très anxieuse. Peu à peu, la conversation dévie sur son sommeil : « je suis sur le qui-vive la nuit, quand elle se réveille. Moi, derrière, je n'arrive pas à me rendormir, je ressasse, je me dis que je suis nulle, une mauvaise mère... » Un discours qui peut laisser poindre une dépression post-partum. « Parfois, cela dépasse le champ de mes compétences, admet-elle, alors j’oriente les parents vers des professionnels avec qui je travaille : médecin, sage-femme, psychologue, réseau Maman Blues… »
17h00. Un couple sort du cabinet, emballé par sa séance de portage. Aurélie, elle, s’apprête à remettre sa casquette de maman. Dans la soirée, elle reviendra probablement à sa table de travail pour une dernière consultation en visio ou pour avancer l’administratif. « C’est un métier prenant, avoue-t-elle, mais c’est un métier passion qui nécessite d’être totalement disponible, à l’écoute et de se mettre à jour tout le temps. Je me régale. »