• Métiers du soin

Comment les aides-soignants participent au quotidien à la santé des femmes ?

À l’occasion de la Journée internationale d’action pour la santé des femmes qui a eu lieu fin mai, France Travail a échangé avec Christine Foret. Aide-soignante à la retraite, elle exerce encore aujourd’hui en intérim après une longue carrière dans l’hôpital public. Également engagée, elle est chargée de communication de la FNAAS (Fédération Nationale des Associations d’Aides-Soignants), et présidente de l’association des aides-soignants du Jura. Avec nous, elle revient sur le rôle souvent méconnu, mais essentiel, des aides-soignants dans le parcours de soin des femmes. 

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Christine Foret

Pourquoi avez-vous choisi le métier d’aide-soignante ?  

Christine Foret : J’ai découvert le métier d’aide-soignante un peu par hasard. Un été, j’ai travaillé dans un hôpital et j’ai aimé ça. Ce lien avec les gens, le fait d’être utile. Alors, j'ai poursuivi ma formation dans cette voie, et j’ai exercé dans plusieurs services, de jour comme de nuit, toujours à l’hôpital public. 

Y a-t-il des situations dans lesquelles vous êtes spécifiquement amenée à prendre en charge des femmes ? 

C.F. : Il y a des services où l’on ne rencontre que des femmes, comme la maternité. Ailleurs, certaines préfèrent être soignées par une femme, surtout les patientes âgées. Nous respectons ces souhaits autant que possible. Mais au fond, dans notre métier, nous ne faisons pas de différence. Nous prenons soin de la personne, qu’elle soit femme ou homme. 

Pourquoi les aides-soignants sont-ils un maillon essentiel dans le parcours de soin des femmes ? 

C.F. : Nous passons beaucoup de temps avec les patientes. Ce sont souvent dans les moments simples du quotidien –une toilette, un repas, une présence la nuit– que les femmes se confient. C’est là que l’on peut repérer un mal-être, une douleur, une inquiétude. Et alerter les médecins, les cadres, faire le lien. 

La dimension d’écoute est donc très présente dans votre travail ? 

C.F. : Oui, c’est fondamental. Lorsque nous annonçons un cancer du sein ou du côlon, les femmes sont parfois dévastées. Je me souviens d’une patiente à qui il avait fallu poser une poche. Elle se sentait dégradée dans son estime. Nous avons pris le temps, la nuit, de parler, de la rassurer. Et elle a fini par accepter, petit à petit. Elle est revenue nous remercier quelques mois plus tard. 

Est-ce que vous constatez des freins dans la parole des femmes sur leur santé ? 

C.F. : Certaines femmes n’osent pas dire ce qu’elles ressentent surtout face à des médecins parfois peu à l’écoute. Heureusement, les choses changent. Les jeunes générations de soignants, hommes comme femmes, sont plus empathiques. Les femmes sentent qu’elles peuvent exprimer ce qu’elles vivent, et cela change tout. 

Comment contribuez-vous à faire respecter la dignité et les droits des femmes dans le soin ? 

C.F. : En tant qu'aides-soignants, nous pouvons faire entendre la voix des patientes, notamment les plus vulnérables. Et puis à la FNAAS, nous portons ces sujets dans nos prises de parole, nos actions, nos engagements. Nous militons pour une meilleure reconnaissance du métier, mais aussi pour des soins plus justes. 

Un mot pour conclure ? 

C.F. : Longtemps, beaucoup de choses sont restées sous silence. Aujourd’hui, les femmes parlent davantage et nous prenons conscience de ce qu’elles vivent, des souffrances physiques, psychologiques, familiales. Et notre rôle, c’est d’être là, de les écouter, de les accompagner, avec bienveillance. 

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